jeudi 14 août 2008

L'ordre règne à l'Udps; Tshisekedi joue et gagne(Kenge Mukengeshayi)

Deux phrases clés. La première considère « que la division du parti en deux camps antagonistes s’accroît chaque jour davantage et interpelle la conscience du chef du parti. » La deuxième résume la philosophie qui guide désormais le Président national de la fille aînée de l’Opposition congolaise : « Dans l’intérêt supérieur du parti, tous les membres sont appelés à collaborer entre eux dans l’unité et l’harmonie pour la réalisation de ses objectifs » Traduction libre : malheur à celui par qui la division va rentrer dans le parti ou, mieux encore, honni soit celui qui mal y pense.Tshisekedi est resté, en fait, très politique comme à son habitude. Invectives, insultes accusations et malveillances ont été échangées avec une rare violence par ses collaborateurs, apparemment sans aucune réaction de sa part. L’homme n’avait jamais, par le passé, autant mérité son surnom de sphinx. On peut aujourd’hui en conclure que s’il a gardé le silence, c’était sans doute pour mieux observer ses collaborateurs, évaluer jusqu’à quel point les ambitions des uns et des autres pouvaient prendre le dessus sur l’intérêt du parti, jusqu’à parier sur son éclatement et son affaiblissement. Le résultat est désormais connu : chacun devra désormais mettre de l’eau dans son vin et se soumettre à la démarche globale de la hiérarchie qui vient ainsi de trancher.Comme Salomon : si la place et le rôle de chacun sont précisés, c’est que l’opprobre pourchassera celui qui ne jurera que par la mort de l’enfant… Tshisekedi joue et gagne C’est là le principal enseignement de la décision N° 073/UDPS/PN/ 08 du 06 août 2008 rendue publique mardi à la permanence de l’Udps à Limeté.

Officiellement, elle porte réaménagement des organes centraux du parti. Mais concrètement, elle porte d’une part réhabilitation du bureau du Comité national jusque-là suspendu et, d’autre part, renforcement des prérogatives du Comité Organisateur du 1er Congrès plus que jamais investi dans sa tâche de préparer ces assises historiques. Le Président National de l’Udps n’a donc pas eu tort de prendre tout son temps pour observer, écouter, analyser et trancher, loin du tumulte de Kinshasa et du déchaînement des passions. Et Le Phare avait aussi vu juste en pariant sur la réhabilitation de Valentin Mubake et de Rémy Massamba dans sa livraison du mardi 12 août.Reste cependant que la réconciliation prônée par le leader de l’Udps, à la lecture de la décision du 6 août, va encore plus loin en confirmant et en amplifiant la ligne politique suivie par Etienne Tshisekedi depuis la mise sur pied de la Commission Préparatoire du Premier Congrès de l’Udps le 28 juin 2007. Ce faisant, Tshisekedi réaffirme, d’une pierre deux coups, son autorité sur l’ensemble des organes de son parti, dont il rythme la vie et les prérogatives, rappelant tout le monde à l’ordre au jour et à la date choisis par lui, et demandant à chacun de n’avoir de regard que sur la ligne de l’horizon du Congrès devenu priorité des priorités. Il fallait le faire et Tshisekedi l’a fait, avec un art consommé, avec ce sens politique inné qui en fait un animal politique redoutable autant pour ses collaborateurs que pour ses adversaires. Voilà pourquoi la remise en ordre ne pouvait pas manquer cette petite touche de cruauté qui fait le sel de toutes les sauces politiques : ne pas s’aligner serait synonyme de rébellion caractérisée et équivaudrait irrémédiablement à l’isolement.

Une décision très politique Le premier élément apparent de la décision rendue publique mardi, au nom du leader de l’Udps et dans cet endroit chargé de symboles qu’est la permanence, est incontestablement la réhabilitation de Valentin Mubake et de Rémy Massamba ma Kiesse. Une réhabilitation qui s’inscrit dans la droite ligne des décisions antérieures qu’elle confirme dans ses attendus, mettant ainsi les contestataires d’hier dans un véritable embarras : comment se prévaloir de celle-ci sans admettre qu’il y a eu effectivement suspension, sans reconnaître qu’il y a eu tentative maladroite de rébellion, sans accepter, enfin, les mesures mettant en place le Comité Organisateur du Premier Congrès conforté en plus par le fait que c’est lui qui a finalement reçu la lourde charge de porter la réhabilitation intervenue à la connaissance du public ?

Le deuxième élément qui ressort de l’analyse de la décision annoncée hier est la réaffirmation d’Etienne Tshisekedi comme centre de gravité de la vie de son parti, dont il survole et oriente les organes, et dont l’unique interlocuteur est le Comité Organisateur du Premier Congrès. C’est l’esprit même des articles 3, 4 et 6 de la décision N° 073. Dont on retient pour l’essentiel que le Premier Vice-président du Comité Organisateur en est désormais le Président. Que le Secrétaire général de l’Udps rejoint l’équipe du COC au poste clé de Premier Vice-président, ce qui a pour effet de confirmer et de renforcer l’option faisant du Comité Organisateur l’exécutif du parti jusqu’à la tenue du Congrès.

Troisième élément : les activités à l’Udps comme le fonctionnement des organes doivent être orientés vers un seul objectif, à savoir l’organisation des assises du premier congrès du parti. Et pour éviter toute ambiguïté, le circuit des rapports internes a été précisé et même verrouillé à l’article 3 de la décision. Ainsi seul le Comité Organisateur est habilité à soumettre au Président National les documents relatifs à l’organisation du Congrès. C’est le Président National qui les soumettra au Comité National et à la Base pour avis et considérations dans un délai qu’il aura fixé pour que ces documents soient retournés au Comité Organisateur. Quatrième élément : par cette décision, Etienne Tshisekedi entend mettre définitivement un terme à la division de son parti en deux camps antagonistes, explique-t-on désormais à Limeté. Voilà pourquoi, aux termes de cette mesure, le « Sphinx » met tous les membres de l’Udps en demeure de relever le défi de travailler dans l’unité et l’harmonie pour la réalisation des objectifs du parti.

2008-08-14 ,Le Phare Quotidient Indépendant